Un pathos ravageur s'est emparé de la Cité. Il a pris le contrôle des neurones de l'Empire. Il a d'abord frappé l'Empereur lui-même, puis s'est transmis à ses oligarques. Il contrôle désormais le Centre, et fait trembler les Périphéries, du Nord au Sud, et de l'Est à l'Ouest. Sa furie est en marche, et l'incrédulité fait place à la stupeur. Car nul n'est à même d'en mesurer les conséquences ultimes et d'en prédire le terme.

Pour la troisième année consécutive, fin janvier, un match planétaire aura lieu entre deux instances multilatérales n'appartenant pas au système des Nations unies, mais jouant un rôle d'influence, sinon de prescription, considérable. D'un côté, le World Economic Forum («WEF», en anglais seulement), trente-troisième du nom et de retour à Davos, s'efforcera de sauver quelques meubles («valeurs mobilières» ?) de la défunte Globalisation radieuse des années 90...

Il est des catégories qui tuent, ou, à défaut, rendent tout débat impossible, suscitent la confusion au sein des discours les plus éclairés et font régresser le mouvement des idées au lieu de le favoriser. «Antimondialisation», qui s'est taillée une place de choix dans l'espace politico-médiatique des cinq dernières années, est l'une de ces catégories mensongères, délétères, et même : mortifères.

Depuis le dernier G8 (1), on a glosé sans fin sur les formes de violence qui l'ont illustré, le degré qu'elles ont atteint, les diverses responsabilités qu'elles engagent. Mais sur le pourquoi effectif de telles violences, le silence est troublant.