Hypérion
Le monde est plein de fous, et qui n'en veut point voir doit s'enfermer tout seul et casser son miroir
Sottises de la semaine, Séguier Frères, 1790
L'intelligence de la bibliothèque publique

Nous avons pris l’habitude de nous lamenter de la pauvreté intellectuelle et politique des États-uniens. En effet, après les illusions portées par Obama, mais vite refroidies, Trump n’a eu de cesse, par sa démarche aussi délétère qu’obstinée, de nous conforter dans l’idée que cette « grande nation » était vraiment sans espoir. Or voici que Frederick Wiseman, signant Ex Libris, un film étonnant sur le fond comme sur la forme (présenté à la Mostra de Venise), lave ce regard désabusé par une enquête roborative sur les missions, méthodes et résultats d’une institution hors du commun : la Bibliothèque publique de New York (NYPL).
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Après le chaos, le réveil du citoyen ?

L’Europe s’alarme du résultat des urnes en France, en Allemagne, en Italie... D’autres, à l’Est comme à l’Ouest, se frottent les mains. L’inquiétude est partout, justifiée par le Brexit, l’avènement de M. Trompe (on ne saurait le désigner autrement), le despotisme du nouveau sultan d’Ankara, la radicalisation des postures politiques, l’inflation des cours du pétrole, le reniement des engagements en faveur d’un monde plus paisible, « durable » et moins dangereux... Il reste ainsi à se demander ce que l’on pourrait penser d’autre que le pire, qui est déjà là.
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La Facebookisation du monde

Copyright Le Temps
Il est pathétique de voir Obama se lamenter de ce que les citoyens américains soient noyés sous les fausses nouvelles et la désinformation, comme s’il découvrait les ravages de la facebookisation du monde et s’il n’y avait pas largement contribué lui-même. On attendrait plutôt qu’il démissionne de son mandat par anticipation, à la fois pour la responsabilité qu’il assume dans la défaite historique du 8 novembre et afin de faciliter la « transition démocratique » en faveur de son ami Donald. Mais la dignité semble s’être absentée du politique jusqu’au point où l’on pourrait la considérer comme son autre absolu.
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Triomphe de la post-citoyenneté

Copyright Leo Stroomer
Aux optimistes, je dirai que nous sommes en 1933, et que depuis quinze années le pire traçait son chemin sans hésitation ni repentir. Que nous avons déployé à son égard des talents impressionnants de dénégation et d’occultation, avec une virtuosité renouvelée. Que nous avons encouragé la duperie collective, alimenté les clivages sociaux, massacré une à une les conditions du « bien-vivre-ensemble », enfin favorisé l’omertà sous toutes ses formes... Et aux autres, je dirai que nous sommes plutôt en 1938, que nous fonçons avec l’ardeur d’automobilistes décérébrés vers le Platane final !
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